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Congrès des élus / Zéralda.
Mohcine Belabbès : «Ce qui se passe à l’APN est une guerre par procuration entre dignitaires du régime»
octobre 12, 2018 - 4:28
Par Hani Abdi – Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratique (RCD), Mohcine Belabbès, estime que ce qui se passe depuis deux semaines à l’Assemblée populaire national (APN) est un précédent grave. Pour Mohcine Belabbès, qui est intervenu à l’ouverture du 1er congrès des élus locaux du parti, cette contestation organisée par les partis du pouvoir contre leur propre «élément» renseigne sur la non-gouvernance et les tiraillements au sommet de L’État.
«Vous étiez témoins des démêlés pitoyables qui ont eu pour théâtre l’Assemblée populaire nationale entre des protagonistes tous issus des partis du pouvoir autour du maintien, ou pas, du président de l’APN», relève M. Belabbès qui estime que «dans ce simulacre de contestation, c’est d’abord la constitution et les lois en vigueur qui ont été piétinées par ceux-là mêmes qui les ont promulguées».
Le président du RCD considère que «cet épisode est l’exemple même d’une gouvernance à la dérive». «Nous avons assisté à une guerre par procuration menée par les premiers responsables du pouvoir exécutif contre le premier responsable du pouvoir législatif en dehors des codifications constitutionnelles clairement établies organisant les fonctions de l’Exécutif et du Législatif», soutient M. Belabbès pour lequel «cette tentative de déstabilisation d’une institution de la république conduite par des députés appartenant au FLN, parti présidé par le chef de l’État lui-même, et au RND dirigé par le premier ministre, est un précédent grave dans la pratique politique des dirigeants officiels».
«Le message délivré, à cette occasion, à toutes les assemblées élues, peut être ravageur : toute assemblée pourra être bloquée si des forces de l’ombre tapies dans les rouages de l’État estiment que cette structure ne rentre plus dans leurs visées ou dans leurs plans», assure-t-il. Le président du RCD revient dans ce sillage sur un problème plus global, celui d’un système politique malade et irréformable.
«La non-gouvernance des dirigeants exerçant au niveau des plus hautes sphères du pouvoir et de l’État, a déteint sur toutes les institutions à tous les niveaux de responsabilité, elle gangrène tous les secteurs d’activités de la vie économique et sociale du pays», affirme-t-il, liant cette situation à la délégitimation des institutions de la République par le trucage des urnes et la soumission du pouvoir judiciaire au pouvoir exécutif.
«Le résultat immédiat de cette dégradation est l’expansion vertigineuse de la corruption avec son corollaire d’injustices qui alimentent le creusement du fossé séparant le citoyen du dirigeant», poursuit-il, soulignant que «ceux qui s’attendaient à ce que le gouvernement change sa politique pour introduire des réformes ont vite déchanté».
«Il y a ensuite la mauvaise gouvernance économique avec, notamment, le refus de rompre avec l’approche rentière et de procéder à des transformations structurelles dans le secteur de l’économie», relève Mohcine Belabbès qui ne voit aucune autre issue à cette crise que le retour à des élections propres reflétant le choix du peuple.
H. A.
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